L'ascension du Mont Kilimanjaro
- Lucia Trouiller

- 11 sept. 2021
- 5 min de lecture
Nombreux sont ceux qui viennent en Tanzanie pour gravir le fameux Mont Kilimanjaro. À vrai dire, moi, je n'y avais même pas pensé. J'étais vraiment concentrée sur des expériences humanitaires, et puis je ne l'avais pas planifié dans mon budget. Cependant, à force d'en entendre parlee, j'ai commencé à m'y interesser de plus en plus, et l'envie de réaliser cette aventure n'a fait que croître. J'ai donc décidé de me lancer!

J'ai choisi de confier l'organisation de mon ascension à mon ami Ben, qui est agent de voyage et guide (BENSAFARIS). Il m'a aussi accompagnée tout au long de cette expédition.
On a préféré emprunter la route de randonnée appelée Marangu, ou Coca-cola, la seule ayant des huttes pour dormir à chaque camps. Le moyen de passer des bonnes nuits et de recharger mon appareil photo.

Jour 1:
Une fois réglées toutes les paperasses pour entrer dans le parc national du Mont Kilimanjaro, on a démarré l'ascension en début d'après midi. Le départ est à 1860m d'altitude. La randonnée commence par la traversée d'une forêt extrèmement dense et humide.
Le chemin longe la rivière. On s'est lancé « pôlé pôlé » ("tout doucement" en swahili), bercés par le ruissellement des petites cascades.
Après environ 4h de marche, on a terminé cette première étape de nuit, à l'aide des lampes frontales. Je n'avais jamais fait de rando la nuit: c'était amusant. On s'est installé au premier camp, Mandara Hut, à 2700m d'altitude.

Jour 2 :
On a repris la route vers 9h du matin, dans les nuages. Le froid humide était dur: ça a fait du bien de s'activer.
On a d'abord un petit peu dévié pour passer par le cratère de Maundi, depuis lequel on a pu apercevoir une partie du Kenya.
Puis gravissant et sortant petit à petit de la canopée, le ciel a commencé à se dégager. La végétation a bien changé: au fur et à mesure le climat est devenu de plus en plus sec et froid. Le sol était couvert majoritairement d'immortelles, une de mes fleures préférées. Je m'arrêtais bien trop souvent pour respirer son doux parfum épicé.
On a fait presque 6h de marche avant d'arriver au deuxième camp, Horombo Hut, à 3700m d'altitude. On est arrivé de jour, et on a eu le temps de profiter de la mer de nuages qui nous entourait, avant que le soleil ne se couche.

Jour 3 :

On était toujours en pleine forme. C'était la dernière étape avant « Le grand jour ». On a marché, très tranquillement, pendant 5h, avant d'arriver à Kibo hut, le dernier camp à 4700m d'altitude.
Ben a commencé à avoir le mal d'altitude, avec un rythme cardiaque très élevé et gros mal de tête. Il avait très très froid.
Il a dû mettre tout les habits emportés (doudoune, gants et bonnets inclus), plus deux sacs de couchage et une bouillote, pour pouvoir se réchauffer un peu et dormir. Moi, je me sentais encore bien.

Jour 4 :
C'était le jour J! On a démarré à minuit.
C'était une nuit de pleine lune, quelle chance! On avait même pas besoin de nos lampes frontales tellement elle brillait.
Ces derniers kilomètres étaient incroyablement intenses et durs. Malgré la belle lune qui nous accompagnait, il faisait nuit et froid. La montée très pentue. L'oxygène venait à manquer. On suivait un chemin en zigzag de sable volcanique. À chaque pas en avant, j'avais l'impression de redescendre de deux pas !
Après 6h de marche, qui ont paru extrêmement longues et lentes, on s'est arrêté au Guillmans point à 5681m d'altitude. On a pu admirer un merveilleux lever de soleil sur ce décor lunaire. Après une nuit pareille, ces premiers rayons étaient si précieux et réjouissants!

Mais ce n'est pas fini. On a ensuite longé le cratère pour arriver au point de rencontre avec les autres routes. Il y avait beaucoup de monde. Ben ne pouvait vraiment plus monter. Il a décidé de redescendre. Quand à moi, malgré mon envie de vomir et une fatigue extrême, j'ai réussi les derniers pas jusqu'au plus haut sommet d'Afrique, à 5895m d'altitude, avec l'aide de mon guide, Samson.

Arrivée là haut, je n'ai pas pu retenir mes larmes d'émotion et d'épuisement. J'y suis arrivée, et ça, j'en revenais pas !
On a, bien sûr, pris la fameuse photo devant le panneau de félicitations, puis on est redescendu rapidement vers le camp, car le mal d'altitude était difficile à supporter.
Presque arrivés au camp, deux porteurs sont venus à notre rencontre avec du jus de fruits, et nous ont débarrassé de nos sacs. Un petit détail très très apréciable dans ce genre de moment.
Une fois dans la hutte, je me suis directement couchée. J'avais juste 2h de repos avant de reprendre la route, pour descendre au camp Horombo Hut, où l'on a passé notre dernière nuit dans le parc national du Kilimanjaro.

Jour 5 :
La fin approchait... Il faisait beau. On a dégusté un bon petit-dej sous le soleil doux du matin. Moment suspendu!
Avant de repartir, un journaliste tanzanien de la BBC, Salim Kikeke, qui faisait aussi l'ascension nous a interviewé sur notre ressenti lors de cette aventure.

Il m'a posé deux questions : "Quelle a été ma sensation après avoir atteint le plus haut sommet d'Afrique ?" Et aussi : "Les scientifiques prévoient la disparition des glaciers d'ici 10 ans, à cause du réchauffement climatique, alors, continuerais-je, sans les fameuses neiges du Kilimanjaro, à vouloir réaliser cette ascension ?"
J'ai répondu: "oui, pour moi, bien que je sois très touchée par ce changement climatique majoritairement causé par l'activité humaine, c'était l'aventure et le surpassement qui m'attiraient. La neige n'était qu'un détail de plus. Et je ne pense pas que le paysage et l'accomplissement en seraient moins impressionnants sans."
Le moment était maintenant arrivé pour nous de dévaler la montagne et sortir du parc...
Presque arrivée à la sortie, dans la forêt, j'ai eu la chance d'apercevoir un chien sauvage. Il ressemblait à un loup. On s'est regardé droit dans les yeux. Ces quelques secondes m'ont paru magiques. Il était tellement proche.
De retour en ville, j'ai rejoins toute l'équipe pour bien sûr trinquer à notre exploit et recevoir mon certificat!

Je n'ai pas encore précisé, mais, si j'ai réussi cette épreuve, c'est bien grâce à toute l'équipe qui m'a accompagnée. Samson, mon guide, me donnait beaucoup d'explications sur la faune et la flore tout au long du trajet. Il m'a beaucoup aidé pour atteindre le sommet. Ben et Odinga, histoire d'avoir toujours de la motivation et de la joie. Daudi m'apportait une bassine d'eau chaude pour faire la toilette, chaque soir et matin, et il me servait tous les repas. Yona, le chef cuisinier, me préparait de bonnes soupes chaudes. Et finalement, Arnold et John, les porteurs, sans qui ça aurait très dur de monter. Je suis très reconnaissante de leur travail.
Je remercie encore Bensafaris pour avoir organisé à merveille cette aventure exceptionnelle et je le recommande fortement!






Bravo pour cet exploit !!!
Certaines photos me font penser à celles que mon frère a faites pendant l'ascension de l'Annapurna. Très joli tout ça !