La découverte
- Lucia Trouiller
- 12 mai 2021
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 11 juil. 2021
Avant de monter dans l’avion, j’étais pleine de peurs et de doutes. Je commençais une toute nouvelle expérience, et je ne savais pas à quoi m’attendre exactement. Mais c’était justement mon but à ce moment là: je voulais un dépaysement complet! Le premier trajet en avion jusqu’à Dubaï a été très agréable. J’avais trois sièges pour moi toute seule et un hublot pour pouvoir admirer le ciel. J’ai eu un bon repas végétarien, et j’ai regardé un film éthiopien pour me mettre dans le bain: l’histoire d’un enfant pauvre de village qui devient photographe en partant à Addis Ababa, la capitale. Je n’ai pas dormi, malgré la lumière tamisée et les fausses étoiles scintillantes au plafond. Pour moi c’était l’après midi. Arrivée à Dubaï, j’ai dû marcher environ 30 min pour trouver la porte d’embarquement de mon autre vol. Je n’ai pas eu envie de passer par tous les magasins. Je suis passé par l’allée parallèle qui était plus calme. J’ai eu une petite heure d'attente, de quoi se rafraîchir. Nous n’avions pas de télé et l’avion était petit et bien rempli cette fois. Mais j’ai encore eu le droit à mon repas végétarien. C’était maintenant la nuit pour moi. J’ai essayé de dormir malgré les sièges peu confortables et le peu d’espace.

On a eu un premier arrêt à Addis Ababa en Éthiopie (comme le film) apparemment pour des mesures de sécurité. On est resté presque 2h dans l’avion, avant de décoller à nouveau. L’arrêt d’après était Zanzibar, celui-ci était prévu. Certains passagers sont descendus, puis on est reparti direction Dar es Salaam, la destination finale.
Je n’avais jamais fait autant d’arrêts en restant dans le même avion. Après presque 20h de voyage, je suis enfin arrivée. J’ai passé la douane très facilement, comparé aux autres autour de moi qui étaient noyés de questions. À la sortie, Jovin (le gérant de l’école et chez qui je vais loger) m’attendait. Il n’avait pas de pancarte avec mon nom, mais il a repéré la seule "blanche" débarquant avec de gros bagages. Il était avec un ami qui a directement demandé à faire une photo avec moi. J’étais un peu perdue et épuisée du voyage, mais j’étais plutôt calme et attentive à tout ce qu’il se passait. J’ai fait un peu de change de mes euros pour des shillings tanzaniens, puis on a pris un taxi jusqu’à la maison de Jovin. Il faisait lourd et chaud, c’est pourtant la période où il fait le moins chaud ici. J’étais encore en tenue d’hiver, j’avais hâte d’arriver. Je suis logée chez la famille de Jovin, dans une maison modeste, mais luxueuse pour le quartier.

Jovin a 26 ans. Il travaille en tant qu’organisateur de safaris depuis sa maison, et s’occuper de l’école est sa passion. Il vit avec ses parents, sa sœur et sa nièce. Ils sont chrétiens, parlent tous à peu près anglais, et m’ont très bien accueilli et mis à l’aise dans leur maison.

J’ai une chambre avec un lit deux places pour moi toute seule. Il y a des toilettes turques et étant donné qu’il n’y a pas d’eau courante, la douche se fait au seau d’eau dans cette même salle. Pour la lessive et la vaisselle, c’est la même chose mais dehors. C'est authentique et simple, j'aime bien. Il y a un seul point d’eau. Il est dans la cour, et il est parfois coupé pendant la journée. Il y a des seaux d’eau remplis un peu partout dans la maison.
La cuisine se fait au poêle à charbon, dehors dans une sorte de petit cabanon. J’ai eu l’occasion d’y passer du temps avec la mère et la sœur de Jovin en épluchant les pommes de terre. Elles ne me laissent pas beaucoup les aider car je suis l’invitée, alors j’observe. Elles me préparent trois repas par jour. J’ai donc le plaisir de goûter des bons plats locaux: des “vitambua” (petits beignets de riz) ou “chapati” avec une banane et un café africain soluble pour le petit déjeuner et une base de riz ou de “ugali” (de la farine de maïs et de l’eau) avec des légumes pour le déjeuner et le diner. J’ai aussi goûté les bananes cuites comme des pommes de terre dans de la sauce tomate: c’est très bon et consistant. Le meilleur que j’ai mangé jusqu’ici est du riz avec des petits pois cuits dans du lait de coco et de la sauce tomate, j’adore! Elles savent que je ne mange pas de viande, donc elles ne m'en préparent jamais. Ça me parait plutôt facile d’avoir des repas équilibrés en étant végétarienne ici.


À la maison, je passe la plupart du temps avec Sasha qui a 4 ans. Elle est adorable, elle me suit un peu partout. On joue beaucoup. Elle parle un peu anglais, et je suis en train de lui apprendre le français.

J’aime aussi échanger avec Tina qui a 21 ans. Elle a commencé ses études, mais a dû arrêter, faute d’argent. Elle espère pouvoir les reprendre au plus vite. Elle aime que je la prenne en photo. Elle est très jolie, et j'ai maintenant de beaux portraits d'elle.
Elle sort peu et s’occupe des taches ménagères et de la cuisine. Il y a beaucoup moins d’endroits ou d’activités autour desquels les jeunes se réunissent ici. Je me rend compte que c’est un luxe d’avoir accès à tant de loisirs.
Tout prend beaucoup de temps depuis ce quartier. J’apprends à avoir un peu plus de patience. La vie est très simple, rythmée par les besoins essentiels: l’alimentation, l’hygiène et l’éducation ou le travail.

La majorité de la population est musulmane, et l’autre partie est chrétienne, comme ma famille d’accueil. Ils parlent le swahili. D’après ce que j’ai compris, c’est la langue parlée dans la plupart des pays d’Afrique de l’est. Je pourrais donc en avoir l’utilité dans la suite de mon voyage. Ceux qui sont allés à l’école savent normalement assez bien parler anglais, donc il y a toujours moyen de se comprendre. Je trouve les tanzaniens très décontractés, ce qui est agréable, Je ne suis jamais stressée ici.
Il y a bien une chose pour laquelle ils n’ont pas de patience, c’est pour la conduite, ils peuvent même doubler sur le trottoir, si jamais il n’y a pas de place sur la route. Ils roulent à gauche. Toute sorte de véhicules et de piétons grouillent un peu partout. Je dois avouer que je les admire pour réussir à conduire dans de telles conditions.

Jovin ou un ami à lui m’ont toujours accompagné. C’est compliqué depuis le quartier où je suis qui est assez excentré et qui n’a pas de noms de rues. Il y a très peu de repères et d’indications.
Moi qui aime bien être discrète, dans ce quartier, absolument pas touristique, ce n’est pas facile. Les gens crient “mzungu” quand ils me voient dans la rue. C’est leur façon d’appeler les touristes ici. Ils sont souvent contents de pouvoir me saluer en anglais et de prendre une photo avec moi. Je suis logée dans le quartier de Mbagala, où les rues sont en sable. Pour aller dans le centre ville, je dois prendre plusieurs dalla-dalla, et le trafic est souvent bloqué. Ça peut me prendre 1h ou bien plus parfois. Le mieux pour visiter Dar es Salaam, qui est une ville très étendue, est de s'y balader et se laisser porter par l'ambiance et le rythme très intense.
J’ai vu le musée national qui est dans un quartier chic, mais j’ai préféré la découverte des marchés où l’on trouve absolument de tout. Après avoir vécu le chaos de la ville, j’ai pu aussi profiter des plages au sud qui sont assez paradisiaques.

Dans la rue, j’aimerais beaucoup prendre des photos, mais il y a tellement de monde que je n’ai pas encore osé. C’est dur de s’arrêter, tout le monde te bouscule. Je profite donc des moments plus calmes, comme au bord de l’océa,n pour en faire quelques unes, mais ce n’est pas les même couleurs ni la même ambiance qu’au marché.
Durant mon séjour de 15 jours ici, je suis volontaire dans une école pour des enfants défavorisés. Je vous expliquerai plus de cette expérience dans le prochain article qui sera spécialement dédié à cette ONG.
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